Yann autour du monde – Argentine – Un paradoxe environnemental?

Notre Ambassadeur Yann est de retour pour un quatrième article rédigé durant son voyage autour du monde. 

 

Buenos Aires - Ville fleurie

Buenos Aires – Ville fleurie

Après plus de deux mois et demi passés à arpenter le continent asiatique, je décide de rentrer en Suisse afin de passer les fêtes de fin d’année. Une halte bien reposante qui me permet de retrouver famille et amis. Et puis notre chère Helvétie est également sur le chemin de ma prochaine destination (dans une optique d’un voyage est-ouest) : le sous continent sud-américain !

Cap dans un premier temps sur l’Argentine, pays sur lequel je vais m’étendre ici. Mon espagnol étant aussi conséquent que la couche de neige en Thaïlande, je prends dans un premier temps trois semaines de cours dans la langue de Cervantès à Buenos Aires, mégalopole de plus de 10 millions d’habitants et capitale du pays. La ville offre beaucoup culturellement-parlé. Côté nature, je la trouve très verte – nombreux sont les parcs, notamment du côté du quartier de Palermo – et la végétation n’est finalement pas si différente de chez nous. Les crises économiques à répétition plongent une frange croissante de la population dans la précarité. Néanmoins, et contrairement à ce que j’ai pu constater en Asie, ce n’est pas pour autant que les Argentins délaissent leur environnement. Il est en effet fort agréable de flâner dans la capitale, à pied ou à vélo et les déchets sauvages ne se rencontrent pas aussi fréquemment que j’aurais pu le penser.

 

Patagonie

Patagonie

Je peux faire le même constat quelques semaines plus tard à Bariloche, Patagonie, deuxième étape de mon voyage. Surnommée la petite Suisse (car réputée pour la production de son chocolat et pour son architecture ¨très alpine¨), la petite cité, entre lac et montagnes, est un paradis pour les amoureux de la nature. En compagnie du local Martin, ami de longue date rencontré au Canada, je découvre toute la richesse qu’offre la région. Randonnée, paddle et camping sont au programme. Les espaces et parcs naturels protégés sont ici légion. Et ici, on ne rigole pas avec les déchets sauvages. A l’entrée de ces espaces protégés, on rappelle aux badauds qu’il est strictement interdit de jeter ses détritus dans la nature (tout en expliquant l’importance d’un environnement préservé), acte pouvant parfois être réprimandé. Et en effet, tout est nickel sur les sentiers que je peux parcourir, un vrai bonheur !

 

Junk food et suremballage

Junk food et suremballage

En me dirigeant vers le nord du pays, je peux faire le même constat. Cette préservation semble logique, tant le tourisme est ici tourné vers la découverte des grands espaces (cordillère andine à l’ouest, forêt tropicale au nord-est). Malheureusement, tout n’est pas si idyllique au pays de Diego Maradona ! Premier constat fâcheux, le suremballage. Non, ce problème n’est pas endémique au continent asiatique, il est mondial. Entre junk food et prêt à emporter, le plastique envahit le quotidien des Argentins. Exemple : pour un ou deux empanadas (délicieux) achetés, on vous donne pratiquement la moitié du tas de serviettes en papier, sans compter l’emballage papier entourant l’aliment et le sac en plastique. En parlant junk food et entre parenthèses, le pays est en proie à un fort problème d’obésité. Ici, environ 60 % de la population est en surpoids. Tout y est plus sucré et salé que chez nous (parfois pour les mêmes produits)! On y mange énormément de viande et très peu de fruits et légumes

Autre problématique, la culture intensive de soja OGM estampillée de Roundup Monsanto (60 % des terres cultivées), servant, entre autres, à nourrir le bétail européen : elle ravage les sols et la biodiversité (le pays figure au top 10 des pays les plus déforestés), et tue les populations locales à feu doux. Cette culture est devenue si importante que le pays doit importer ses vaches du Brésil, un comble !

 

Montagne riche en terres rares

Montagne riche en terres rares

Dernier point noir, le marché juteux des métaux rares, et plus particulièrement celui du lithium (composant essentiel aux batteries de nos chers appareils électroniques). Au détour d’une jolie balade à vélo dans un magnifique quebrada (canyon) du nord-ouest argentin, j’en apprend un peu plus par la gardienne d’un site protégé. Elle m’explique que son extraction est très demandeuse en eau, défigure les montagnes, pollue l’environnement et empoisonne les populations locales, qui se retrouvent obligées de quitter leurs terres (et elle aussi bientôt)… Rien que ça ! Tout cela me laisse perplexe… D’un côté, on met un point d’honneur à protéger les plus beaux sites du pays dans lesquels le moindre déchet est banni, acte évidemment fort louable. Mais en même temps, notre frénésie consumériste est en train de ravager notre Terre, qui n’est, rappelons-le, pas remplaçable. Situation plus que paradoxale.

 

Paddle en Patagonie

Paddle en Patagonie

Dans notre volonté de bien faire, il est essentiel d’avoir une vision globale (en langage plus technique, on parle d’une vision systémique) de la problématique de la sauvegarde de notre environnement. Celles énoncées plus hauts sont finalement toutes interdépendantes et il serait bien vain de se concentrer sur certaines et d’en occulter d’autres, ce que nous avons malheureusement tendance à faire… Oui, je trie mes déchets, mais je vais les apporter à la déchetterie en voiture… Je prends moins l’avion mais je ne veux pas renoncer à mon steak quotidien…

 

 

 

Au final, c’est tout notre modèle de société (dictant nos comportements) qui semble impérativement à revoir !
Et pourquoi pas s’inspirer de modèles de sociétés et civilisations ancestrales, tels les Incas ? Pour en savoir plus, cap sur le Pérou et l’Equateur, prochaines étapes de mon voyage !

Yann