Yann autour du monde – Du Vietnam aux pays voisins

Voici le troisième d’une série d’articles rédigés par notre Ambassadeur Yann au cours de son voyage autour du monde. 

Une plage sur l’île de Pho Quoc

Je m’attarde au Vietnam, le territoire ayant tant à offrir… Après quelques semaines à la découverte de sa partie Nord, je décide, dans un premier temps, d’explorer l’île de Phu Quoc, voisine des côtes cambodgiennes, à l’extrémité Sud du pays. Mon ami genevois Fred, qui m’accompagne depuis quelques jours, est également de la partie. Avec ses plages de cartes postales, cette île a tout pour attirer le voyageur-touriste cherchant son petit coin de paradis. Un peu de farniente nous fait du bien ! Comme nous ne sommes pour autant pas du genre à lézarder au soleil, nous enfourchons des vélos de location ô combien difficiles à trouver (ici tout le monde circule à scooter…), et, dans la chaleur moite d’un après-midi tropical de novembre (!), explorons l’île.

 

Cette balade me confirme ce que j’ai évoqué dans mon article précédent : si aux alentours des endroits touristiques les plages donnent l’illusion de propreté (illusion car les canalisations d’eaux usées des hôtels se déversent… directement dans la mer, sans faire broncher le touriste lambda), les endroits plus reculés sont souillés d’une quantité impressionnante de déchets, la palme revenant aux tongs qui ont rempli deux sacs My Green Trip en 5 minutes chrono !

 

Dizaines de tongs abandonnées

C’est en discutant avec le propriétaire du complexe de bungalows où nous logeons, un sympathique Vietnamien ayant vécu 20 ans en Belgique, que toutes mes craintes sont confirmées: une population peu ou pas éduquée sur le sujet, un développement touristique frénétique (ici ça construit de partout !) sans aucune considération écologique et, cerise sur le gâteau, une corruption
omniprésente. Bref, le royaume du fric. On ne change pas une formule qui gagne… Déprimant, allez-vous me dire. Et pourtant…

 

 

En remontant vers le Nord, je fais une halte à Ho Chi Minh Ville (ex Saïgon), pôle économique du pays. Malgré la frénésie de la cité (plus de 10 millions d’habitants !), elle me paraît plus « propre » que sa rivale du Nord, Hanoï. Le centre draine son lot de banques et d’hôtels de luxe. Surprise, sur la façade de l’un d’entre eux, j’aperçois sa charte de bonne conduite écologique… Ce qui me rappelle ce que mon hôte vietnamo-belge me racontait quelques jours plus tôt : c’est peut-être du « haut » de la pyramide sociétale vietnamienne que les initiatives peuvent émerger, moyens financiers et éducation aidant. Certains objecteront ici que qu’il ne s’agit pour ces acteurs du tourisme que d’un moyen de conserver leur clientèle aisée, pour qui l’environnement devient un facteur de choix. Il n’empêche, c’est un pas en avant, qui, espérons-le, fera des émules.

Randonnée avec Eco Phong Nha

Quelques jours plus tard, dans le magnifique parc national de Phong Nha, regroupant quelques-unes des plus grandes et impressionnantes grottes d’Asie, une deuxième bonne surprise ponctuera mon périple. Après une journée de découverte et d’émerveillement, je prends mes aises dans un restaurant situé non loin de mon hôtel. Sur les murs, des affiches et inscriptions « no plastic here ».

Rapidement, j’apprends que l’organisme Eco Phong Nha, partenaire du restaurant, organise des « éco tours » pour les touristes et de temps à autres, des journées de ramassage des déchets. Un partenaire potentiel pour My Green Trip ! Le lendemain, enthousiaste, je prends ainsi part à une de leur randonnée, et découvre une forêt tropicale dense, splendide où ne manquent malheureusement que quelques animaux sauvages…

 

Bains naturels à Luang Prabang

Je retrouve cette végétation éblouissante quelques jours plus tard à Luang Prabang, surnommée « la perle du Laos », ville la plus touristique de cet état voisin du Vietnam. Les somptueux temples de la petite cité rappellent dans un premier temps au voyageur que la religion et la spiritualité sont une composante importante de la vie quotidienne des habitants, en témoignent le respect, voire la dévotion que ceux-ci manifestent à l’égard de leurs moines bouddhistes. Respect des traditions et des croyances, donc, mais aussi de l’environnement. Certes, le pays est très pauvre et beaucoup moins développé que son voisin vietnamien, et l’empreinte écologique sur la nature ainsi moindre.

 

Nettoyage de plage sur Koh Chang

Cependant, il se dégage une sorte de communion entre l’homme et la nature, l’un n’étant pas dissocié de l’autre. Afin de préserver ses ressources naturelles, tout en favorisant le quotidien de sa population rurale, le gouvernement mise depuis quelques années sur l’écotourisme. Une formule gagnant-gagnant qui semble porter ses fruits !

Mon escapade asiatique touche à sa fin. Il me reste une dizaine de jours avant de rentrer en Suisse. Je me dirige vers la Thaïlande et ses plages de sable fin avec quand même une pointe d’appréhension face à l’image ultra-touristique que ce pays renvoie. A ma grande surprise, l’île de Koh Chang, sur laquelle j’ai décidé de passer quelques jours est non seulement relativement calme mais, en comparaison des plages voisines du Vietnam, ses plages et sa nature sont d’une propreté étonnante.

En termes d’infrastructures et de développement, le pays doit avoir plus d’une dizaine d’années d’avance sur son voisin et a intégré dans sa politique des notions de durabilité. Mais hélas, et encore une fois, il ne s’agit ici que de l’arbre qui cache la forêt, et la forêt justement, il n’y en aura bientôt plus : déforestation massive, perte de biodiversité, pollution alarmante de l’air et de l’eau, j’en passe et des meilleures. Encore une fois, la croissance économique s’effectue au détriment de l’humain et de la nature.

Alors, quelles conclusions tirer de ce périple asiatique de plus de deux mois ? Des souvenirs inoubliables d’abord et surtout. Mais aussi des inquiétudes. Une nature au bord de l’asphyxie. En tant que voyageur, vivre et expérimenter ce que l’on sait mais qu’on ne voit pas forcément dans un pays privilégié comme la Suisse, secoue profondément.

Tout n’est cependant pas si sombre. Sur place et ailleurs, des individus – conscients que les équilibres et que leur survie ne tient plus qu’à un fil – agissent, des initiatives et des synergies se créent. Ci et là, des résistances au modèle existant se constituent, une autre manière d’agir et d’appréhender le monde voient le jour. La graine du changement est semée, à nous de la faire germer.

Yann