31 Jan Yann autour du monde – Vietnam: à travers mer et rivières
Nous vous présentons le second d’une série d’articles rédigés par notre Ambassadeur Yann au cours de son voyage autour du monde.
Après une première semaine entre villes et montagnes, il est temps d’aller explorer les côtes du pays. Enfin…une partie des côtes. Le Vietnam a une relation particulière avec l’élément « eau » puisqu’il possède plus de 3000 km de côtes. A cela s’ajoutent les innombrables cours d’eau, qui, le temps aidant, ont façonné un paysage grandiose dont les pitons rocheux ou « pains de sucre » calcaires en sont le témoignage le plus resplendissant. Cet élément est une composante essentielle dans la vie quotidienne des habitants. Lieu de vie, de loisirs, de tourisme, ressource naturelle abritant une faune et une flore riche, elle est un des fers de lance de l’économie du pays.
Un long trajet d’une douzaine d’heures en bus m’amène de Sapa à l’île de Cat Ba, à l’extrémité de la célèbre baie d’Ha long, immortalisée lors d’une scène d’un vieux James Bond…L’île est touristique et sert de point de départ aux innombrables embarcations qui iront déverser leurs flots de touristes dans la fameuse baie précitée. Je prends mon billet pour une journée à bord d’une jonque pouvant accueillir une trentaine de personnes. Le programme est réjouissant : une journée de contemplation du site, kayak, baignade…La pluie matinale cesse rapidement et laisse la place à un ciel changeant à dominance laiteuse. Après une bonne heure de navigation, les participants embarquent dans des kayaks. J’en profite pour emmener mon kit de ramassage My Green Trip.
Nous voguons dans un paysage splendide, à travers baies, criques, au pied de falaises somptueuses et même à l’intérieur de grottes marines. Aux endroits protégés du vent, l’eau devient stagnante et concentre une quantité de déchets importante, dont les bouteilles plastiques forment la majorité. Au travail ! Un jeune Français naviguant non loin de moi en fait spontanément de même. Je m’approche de lui et nous discutons un moment. J’en profite pour lui donner un sac. Bonne surprise, il connaît My Green Trip !
Nous finissons le travail et remontons peu de temps après sur notre bateau. Les déchets rencontrés proviennent en partie – et c’est évidemment regrettable – de l’activité touristique frénétique, mais pas seulement. De véritables villages flottants de pêcheurs nichent çà et là aux pieds d’imposantes formations rocheuses. Lieu de pêche, ils sont également un véritable lieu de vie à l’infrastructure rudimentaire. Notre guide nous indique que tous leurs déchets produits finissent à la mer, qu’ils soient naturels ou non…
Nous autres Européens pourrions trouver ça choquant. Mais pour une population qui ne sait guère de quoi son lendemain sera fait, la principale préoccupation consiste à gagner sa croûte par tous les moyens à disposition, l’environnement passant au second plan. L’instinct de survie prime, quoi de plus normal. On ne peut leur en vouloir de placer le développement économique avant la conscience écologique ; l’Occident est aussi passé par cette étape. Cependant, en adoptant et copiant nos modes de vie, ces populations sont en train de détruire leur environnement, source de leur gagne-pain… Triste héritage que nous leur avons légué là.
Une longue nuit agitée en bus me mène ensuite à Hué, ancienne cité des empereurs Nguyen, puis à Hoi An, la perle du Vietnam, la cité aux mille lampions. Je pose ma besace pour 5 jours, le temps de souffler et de prendre du bon temps dans cet agréable bourg qui se visite à pied ou à vélo. Quel bonheur de déambuler dans le calme et la sérénité après l’agitation rencontrée à Hanoï. Evidemment, je ne suis pas le seul à vouloir profiter des charmes de la ville. Elle est la plus touristique du Vietnam. Cependant, nous sommes en basse saison et cela ne se ressent pas trop. Autre atout choc de Hoi An : elle se situe sur la côte. Une belle et longue plage s’étend sur une vingtaine de kilomètres.
Je chevauche mon vélo gracieusement prêté par mon hôtel et après un rapide passage à travers les rizières me retrouve une nouvelle fois face à la mer. Premier rapide coup d’oeil : une série de transats s’étalent sur deux bons kilomètres de plage de sable fin. Tout me paraît propre. Plus tôt, dans la ville, j’avais même pu trouver des poubelles de tris des déchets ! Je décide de me promener et me rends dans une zone plus calme, vide de touristes et de transats. Ici, la situation est bien moins réjouissante : une quantité de déchets impressionnante jonche la plage. Mon sac My Green Trip est rempli en quelques minutes, encore une fois de résidus de l’activité touristique : bouteilles, pailles, bouchons, emballages de snacks etc.
Ces quelques jours de voyage mettent en lumière le comportement adopté par le Vietnam face aux déchets : des lieux touristiques assez bien préservés et nettoyés cachant une situation bien plus préoccupante hors des sentiers balisés. Les écosystèmes en souffrent les premiers : poissons et oiseaux meurent intoxiqués par les déchets qu’ils confondent avec leur nourriture, sans parler des conséquences pour les hommes eux-mêmes. Les études récentes montrent que les 90 % du plastique retrouvé dans les océans seraient déversés par 8 grands fleuves asiatiques et 2 africains. Le pays se développe économiquement à vitesse grand V alors que la collecte et le tri des déchets restent très rudimentaire. Une sensibilisation rapide doit aussi s’opérer afin de faire changer les comportements. L’industrie du tourisme est elle aussi très largement concernée par ce problème.
Ci et là, j’entrevois cependant des initiatives positives, comme l’utilisation de pailles en bambou réutilisables dans certains bars et restaurants, alors que la paille est surutilisée à peu près dans tous les endroits visités. Initiatives isolées ou début d’un réveil des consciences ? La suite de mon voyage m’en dira sûrement plus…
Yann