Yann autour du monde – Vietnam: premières impressions

Voici le premier d’une série d’articles rédigés par notre Ambassadeur Yann au cours de son voyage autour du monde. 

Scooters sur les trottoirs

Le Vietnam, son animation, son agitation, sa circulation. Hanoï, serait, selon le Courrier du Vietnam, une des villes les plus polluées au monde. Le gouvernement commence à prendre conscience du gigantesque problème que pose une circulation totalement hors de contrôle, notamment sur la santé de ses citoyens. Les citadins, en attendant des mesures concrètes, se protègent comme ils le peuvent à l’aide de masques d’hôpital qui ne protègent de pas grand-chose, et surtout pas des particules fines qui encrassent leurs poumons. Niveau énergie, on est encore ici à l’ère du pétrole et du charbon…cocktail explosif niveau climatique…

 

Et la gestion des déchets dans tout ça ? Première bonne surprise : malgré la multitude de marchands de rues, de restaurants, de bars, les rues de Hanoï sont relativement propres. Même si les poubelles à « l’occidentale » sont ici inexistantes, les marchands font, en fin de journée, le ménage devant leurs étals et empilent leurs déchets sur le trottoir. Plus tard, on peut voir quelques camions d’éboueurs faire le tour des ruelles. Assez efficace. Par contre, le tri est inexistant. Reste de nourriture, emballages, bouteilles en plastique, tout finit au même endroit.

 

Les rizières

Deuxième étape de mon voyage : Sapa, la ville des rizières. Nichée au Nord-Ouest du Vietnam, à la frontière chinoise, cette sympathique bourgade attire depuis une dizaine d’années un nombre croissant de touristes. La petite ville est en pleine mutation, pas forcément pour le meilleur : les complexes hôteliers poussent comme des champignons, sans aucune cohérence esthétique avec les bâtisses traditionnelles locales.

 

 

Au travail!

Après une journée d’intense brouillard, le ciel se dégage un peu aujourd’hui. Il est temps d’aller explorer ces fameuses rizières à l’aide de mon kit de ramassage My Green Trip. Un rapide passage par l’office de tourisme et me voilà muni d’une carte de randonnée de la région, à l’écart de la ville, sur un sympathique sentier à flan de colline. La végétation est dense. Fougères, bambous, bananiers…pas de doute, nous sommes bien en terre tropicale. Ci et là jonchent quelques déchets de diverses natures : bouteilles Pet, emballages plastiques, beaucoup de sagex. C’est le moment du grand nettoyage. Mon sac se remplit en fin de compte très vite. Quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois au loin un groupe de petites Hmongs (nom de la tribu locale) à l’entrée d’un hameau pittoresque. Arrivé à leur niveau les choses se gâtent : le chemin du village est jonché de détritus. Un rapide coup d’oeil suffit à conclure qu’il s’agit là essentiellement d’emballages de sucreries et snacks, de bouteilles de sodas. En traversant le village, la situation ne s’améliore guère. Triste constat : le développement touristique et le capitalisme à l’occidental, au nom du développement économique, est en train de bouleverser des modes de vies séculaires, et mettent en péril la santé de ces tribus et leur environnement.

 

Mes guides Hmong

Le lendemain, je décide de remettre le couvert. Le ciel est plus dégagé et je pars randonner plus longuement, mais toujours kit en main, dans les rizières à l’aide d’une guide Hmong. Quelques éclaircies mettent en valeur toute la beauté du paysage. Le sentier que j’emprunte est cependant une autoroute à touristes. Très rapidement, les déchets se font nombreux et ne disparaissent que très rarement. Des bouteilles d’eau minérales et de sodas sont vendues aux touristes sous une petite hutte servant de station de repos.

 

Quelques mètres plus bas, c’est un torrent souillé par les bouteilles Pet vides qui s’offrent à ma vue. Je reprends mon chemin. Il me faut très peu de temps pour remplir mon sac de déchets. Amusée, ma guide m’aide à ramasser les innombrables déchets, qui ne disparaîtront plus sur la dizaine de kilomètres suivants. Je lui explique le concept « My Green Trip » mais il semble que ce genre de préoccupations ne l’amuse plus qu’il ne l’intéresse. Nous finissons notre tour par un délicieux repas dans un petit boui-boui traditionnel et rendons notre sac de déchets au cuisinier, qui, m’affirme-t-on, s’occupera de le jeter dans un plus grand conteneur.

Ces premiers jours de voyage me montrent toute l’étendue de la problématique du plastique dans des pays émergents comme le Vietnam. Il est triste de voir une nature si belle dégradée par ce que le capitalisme peut produire de pire. Ici, on n’a pas l’air de se soucier vraiment de ce que deviennent nos produits une fois devenus des déchets. La faute au manque d’éducation, de sensibilisation ? Aux priorités économiques et touristiques avant celles écologiques ? A la négligence ? Au « après nous le déluge » ? A mon avis, un peu de tout ça.

Devant l’urgence des enjeux écologiques auxquels nous faisons face, la situation peut paraître désarmante. Selon des études récentes, 5 pays d’Asie du Sud-Est dont le Vietnam produisent à eux seuls plus de la moitié des déchets plastiques dans le monde…Un réveil des consciences et un changement de paradigme dans la manière dont les sociétés fonctionnement doivent être entreprises face à l’ampleur du drame programmé.

Yann